You are currently viewing Hygiène menstruelle : Levons le voile sur les tabous menstruels

Hygiène menstruelle : Levons le voile sur les tabous menstruels

Les menstruations sont un processus biologique naturel vécu chaque mois par presque toutes les femmes et jeunes filles. Pourtant, dans de nombreuses cultures, elles demeurent un sujet tabou. Ce silence, renforcé par les stéréotypes et le manque d’éducation, entraîne honte, désinformation et conséquences graves sur la santé physique et mentale.

Pourquoi les menstruations, un phénomène si naturel, suscitent-elles tant de gêne et de stigmatisation ? Cette question mérite d’être posée, car elle touche à des enjeux fondamentaux de santé, d’éducation et de droits humains.

Tabous et idées reçues

Les questions relatives à la menstruation sont souvent considérées comme tabous en raison de la stigmatisation culturelle, du manque d’éducation et des croyances historiques. Historiquement, les règles ont été perçues comme un signe d’impureté, nourrissant ainsi la honte qui entoure ce processus naturel.Mme Kadiatou Kimbiri, enseignante, partage son vécu, « étant adolescente, quand je voyais mes règles, ma mère me défendait de m’asseoir avec mes frères. Elle disait que j’étais impure. Cela a perduré jusqu’à ce que je me marie. » Mme Aissata Traoré, étudiante, confie également : « Le seul conseil que j’ai eu de ma mère était de ne plus m’approcher des hommes, au risque de tomber enceinte. J’ai grandi avec cette gêne et ce silence. C’était un moment de confusion. »

D’autres témoignages illustrent cette réalité. Astan Sacko, une jeune femme entreprenante, déclare : « À l’école, j’étais trop gênée pour demander des protections hygiéniques. J’ai souvent dû utiliser des alternatives inappropriées, ce qui m’a causé des infections. » Aminata Traoré, militante pour la santé sexuelle et reproductive des femmes, ajoute : « La stigmatisation autour des règles empêche de nombreuses femmes d’accéder à des soins de santé appropriés, ce qui a des conséquences graves sur leur bien-être. »

La stigmatisation menstruelle : un frein à la santé et à l’éducation

La stigmatisation liée aux règles est enracinée dans diverses influences. Les menstruations ont été associées à l’impureté dans de nombreuses cultures, conduisant à l’exclusion des femmes. Le manque d’éducation sur le cycle menstruel perpétue également les malentendus. Hawa Coulibaly, chargée de mobilisation communautaire, souligne que « la plupart des filles que nous rencontrons souffrent d’infections graves en raison du manque d’informations. »

Cette stigmatisation se manifeste souvent au moment d’acheter des protections hygiéniques. Djelika Traoré, coordinatrice de l’organisation El Protect, explique : « Une jeune fille peut se sentir gênée de demander des serviettes hygiéniques, à cause des regards insistants ou des jugements implicites. Cela alimente la honte autour d’un phénomène naturel. »

La honte associée aux menstruations peut également conduire à des comportements à risque. Astan Sacko témoigne : « À l’école, j’étais trop gênée pour demander des protections. J’ai dû utiliser des alternatives inappropriées, ce qui m’a causé des infections. » Aminata Traoré renchérit : « La stigmatisation empêche l’accès aux soins. Beaucoup souffrent en silence, faute d’information ou de soutien. »

Des chiffres qui parlent

1 fille sur 10 en Afrique subsaharienne manque l’école pendant ses règles, selon l’UNICEF.

70 % des femmes dans certaines régions se sentent mal à l’aise d’acheter des produits menstruels (FNUAP).

35% des filles affirment avoir subi des moqueries ou humiliations à cause de leurs règles

Ces statistiques montrent que la stigmatisation menstruelle a des effets directs sur l’éducation, la santé, l’estime de soi et l’égalité des chances.

Briser les tabous autour des règles

Briser les tabous liés aux menstruations est essentiel. Cela normalise les conversations sur ce sujet, favorisant une meilleure compréhension et acceptation. Cela permet également d’éduquer sur les aspects biologiques des règles, contribuant à dissiper les mythes et les idées fausses. Enfin, cela joue un rôle crucial dans la lutte contre la discrimination et les inégalités, en garantissant un accès équitable aux produits d’hygiène et aux soins de santé. Djelika Traoré insiste sur l’importance de préparer les filles avant leurs premières règles : « Une fille bien informée vit cette étape sans peur ni honte. » Aborder ouvertement ce sujet permet de promouvoir l’estime de soi, d’éviter les malentendus et d’éduquer dès le plus jeune âge.

Des solutions concrètes pour un changement durable

Pour lutter contre la stigmatisation et garantir une hygiène menstruelle digne, il est essentiel d’intégrer l’éducation menstruelle dans les écoles. Informer les élèves, tant filles que garçons, sur le cycle menstruel, les protections disponibles et les signes d’alerte médicaux est fondamental. Il est également crucial de rendre les produits hygiéniques accessibles à toutes en les distribuant gratuitement dans les écoles, hôpitaux et espaces publics. Former les professionnels de santé est une autre mesure importante. Sensibiliser ces professionnels aux besoins spécifiques des femmes pendant leurs règles permet d’éviter les diagnostics erronés et les jugements moralisateurs. Briser le silence dans les médias et les foyers est essentiel pour encourager les familles, les écoles et les médias à aborder ouvertement ce sujet à travers des campagnes de sensibilisation, des témoignages publics ou des émissions et blogs dédiés. Soutenir les initiatives locales, comme celles menées par des organisations telles qu’El Protect, joue également un rôle clé. Ces initiatives visent à informer, sensibiliser et distribuer des kits menstruels tout en promouvant une éducation respectueuse du corps féminin.

Parler des règles ne se limite pas à aborder la biologie ; c’est une question d’égalité, de dignité et de droits humains. Tant que les menstruations resteront un sujet tabou, des millions de femmes et de jeunes filles continueront de souffrir en silence. Brisons ce silence. Éduquons, informons et, surtout, écoutons. Comprendre les règles, c’est aussi respecter celles qui les vivent. En normalisant les règles, nous pouvons créer une société plus inclusive et compréhensive pour toutes les femmes, contribuant ainsi à leur santé, leur bien-être et à l’avancement de l’égalité des sexes.

Aminata Y. Coulibaly

Laisser un commentaire