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#8Mars : Célébration des Avancées et des Défis des Femmes Maliennes

Le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, est un moment crucial pour réfléchir aux luttes des femmes à travers le monde. Au Mali, ces luttes sont particulièrement pertinentes dans un contexte où les inégalités persistent dans de nombreux domaines. Cette année, le thème « Pour TOUTES les femmes et les filles : droits, égalité et autonomisation » souligne l’importance de l’inclusivité et de la reconnaissance des droits fondamentaux de chaque femme et fille. Face à des préjugés enracinés et à des défis multiples, les femmes maliennes revendiquent leur place dans la société et œuvrent pour un avenir meilleur.

Les défis actuels auxquels font face les femmes maliennes

À l’occasion de cette journée, il est essentiel d’évoquer les préoccupations des femmes maliennes concernant l’inégalité. Selon l’enquête MICS 2018 (l’Enquête par Grappes à Indicateurs Multiples), 45% des femmes âgées de 15 à 49 ans ont subi des violences physiques ou sexuelles au cours de leur vie. Les préjugés et les stéréotypes de genre rendent la vie difficile aux femmes, qui doivent se battre dans divers domaines pour effacer ces inégalités. Coumba Bah, militante pour la cause des femmes et communicante genre, souligne l’importance cruciale de l’éducation dans l’émancipation des femmes. Elle partage une anecdote de son oncle qui comparait l’analphabétisme à une nuit sans fin. Pour Coumba, « l’émancipation des êtres humains, et en particulier celle de la femme africaine, passe inévitablement par l’éducation. » Elle insiste sur le fait que l’accès à l’éducation est un droit fondamental, mais que trop de jeunes filles maliennes en sont encore privées, souvent à cause de la pauvreté et de pratiques néfastes comme le mariage précoce. Fadima Konta, militante féministe et fondatrice d’ElValorise, renforce cette idée en déclarant que « l’éducation est la clé de l’émancipation. Une femme instruite est plus à même de connaître ses droits et de participer activement au développement de son pays. » Elle appelle à investir davantage dans l’éducation des filles, en sensibilisant les familles à son importance.

Des avancées remarquables dans le combat des femmes pour une société équitable

Malgré les défis, des avancées notables ont été réalisées. Rokia Kanté, assistante technique genre et VBG du RESEAU MONDIAL DES JEUNES INNOVATEURS (GYIN-MALI), constate une plus grande reconnaissance et valorisation du rôle des femmes dans différents secteurs. Elle note que, malgré les avancées, des défis tels que les inégalités salariales et les violences domestiques persistent. Rokia partage l’expérience d’une amie qui, autrefois limitée dans ses ambitions professionnelles en raison de normes culturelles, a récemment accédé à un poste de direction dans son entreprise. Cela témoigne des changements sociétaux qui permettent aux femmes de viser des positions de leadership.

Korotoum Diabaté, journaliste, souligne également les progrès réalisés grâce à des lois comme la loi 2015-052, qui favorise l’accès des femmes aux postes décisionnels. Cependant, elle déplore que « de nombreux textes de loi restent lettre morte face à la réalité quotidienne des femmes, confrontées à des pratiques telles que le mariage forcé et l’excision. »

Coumba Bah déclare : « Depuis mon engagement actif sur cette thématique il y a dix ans, j’ai pu constater des avancées significatives. » Elle évoque également l’adoption de la loi 052 en 2015 qui a renforcé la représentativité des femmes, mais souligne que les femmes qui s’engagent dans la sphère publique font toujours face à de nombreux obstacles. Le véritable enjeu aujourd’hui est donc de les accompagner et de leur offrir les moyens d’accéder aux postes décisionnels.

Vision sociale comme blocage à la lutte contre l’inégalité

Les femmes maliennes sont souvent perçues comme devant prioriser la vie familiale. Fatoumata Sangaré, commerçante, déclare : « Je pense que nous, les femmes maliennes, avons un long combat à mener, car notre société considère la femme comme celle dont le devoir prioritaire est de s’occuper de son mari et de sa belle-famille. » Elle souligne que cette perception peut devenir un blocage qui ralentit ou stoppe leurs aspirations. Awa dite Mah Camara, militante et coordonnatrice de La Femme en Moi, évoque les injustices vécues par les femmes au Mali, notamment les violences conjugales et les mariages précoces. Elle souligne que, malgré les changements positifs, la situation socio-politique actuelle complique l’avancement des droits des femmes. Awa met en avant les Gouters Féministes, très souvent organisés par son organisation, qui offrent un espace de discussion et d’échange pour les femmes, permettant de briser le silence autour de leurs expériences.

Un combat multifacette

Coumba Bah insiste sur la nécessité d’intégrer les hommes dans la lutte pour l’égalité. « L’implication des hommes, en tant que chefs de famille et figures d’autorité, est cruciale pour bâtir des communautés plus équitables. » Elle souligne que le coaching et le mentorat sont essentiels pour construire une société plus juste.

Les combats des femmes maliennes pour l’égalité sont variés et complexes, mais ils sont essentiels pour bâtir un avenir meilleur. En cette Journée internationale des droits des femmes, il est vital de soutenir ces luttes et de promouvoir des initiatives qui favorisent l’égalité des sexes. Les femmes maliennes continuent de se battre pour leurs droits, et leur détermination est un exemple à suivre dans la quête d’une société plus juste et équitable. Avec des taux de mortalité maternelle élevés, estimés à 325 décès pour 100 000 naissances vivantes, selon la dernière Enquête Démographique et de Santé (EDSM-VI 2018), il est impératif d’agir pour améliorer les conditions de vie des femmes et des filles au Mali.

Koumba Coulibaly

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